Non, je n’ai pas reçu du chocolat noir, de petits cadeaux, ou même la Maserati qu’un élève m’a promise 🙂 . Ces derniers jours, mes élèves m’ont fait plaisir de tant de manières qu’il faut que je vous raconte.
Tout d’abord, je me dois de préciser que je ne crois pas qu’ils aient fait exprès de me faire plaisir. Ils vivent, avancent dans les apprentissages et, parfois, arrivent exactement là où je les attends, là où ça me fait plaisir parce que je trouve cette compétence ou cette action importante. Je donne cette importance à l’acte posé, pas eux qui le font pour moi.
S’impliquer dans la préparation de ces évaluations
Ces derniers jours, nous avons préparé plusieurs évaluations. C’était la fin du semestre, la fin d’une période d’enseignement et il y avait un certain nombre d’apprentissages à terminer et de compétences à certifier. Plusieurs fois, durant le temps calme du matin, des élèves sont venus me poser des questions sur les apprentissages en questions et les critères donnés pour préparer les évaluations :
- Monsieur, c’est écrit des côtés parallèles et vous avez parlé de 2 x 2 côtés parallèles, que faudra-t-il utiliser pour le test ? Et moi d’expliquer que les deux explications sont correctes, que l’une est plus complète mais qu’elles sont toutes les deux valables et acceptées. Comme j’ai apprécié cette mise en question, cette compréhension profonde des données qui suscitait des questions.
- Monsieur, maman m’a fait faire ces exercices, c’est efficace pour préparer l’évaluation ? Le projet de préparer, de vérifier l’adéquation, de se mettre en projet, de faire tout son possible pour réussir, ça me fait plaisir.
Entrer dans sa zone de génie
Dans un tout autre registre, celui de la zone de génie, qui me tient tout autant à cœur, Jérémy* et Baptiste* sont venus me voir à la fin des cours et m’ont demandé si je connaissais une application pour coder des jeux vidéo. Je leur ai proposé Scratch, du MIT, mais ils m’ont dit qu’ils en avaient déjà fait le tour. Je leur ai dit qu’ils étaient bien en dehors de ma zone de compétence. J’ai ajouté que sur une des applications que l’on utilise en classe, Mathano, il y avait le nom du programme de création qui apparaissait au lancement du jeu et que cela pourrait les intéresser, bien que ce soit certainement payant.
Ils ont 10 ans tout juste et se projettent dans leur vie d’être humain, en pleine croissance.
Des confidences
L’autre jour, alors que les élèves quittaient la classe en fin d’après-midi, Alice* a attendu que tous soient partis puis est venue me voir pour me dire, un peu comme un secret, que son papa allait avoir un bébé (en fait, la nouvelle femme de son papa). Elle était rayonnante et désirait partager son plaisir avec moi, comme l’on se rapproche de quelqu’un à qui ont fait part d’un secret. Alors que je mesure de jour en jour l’importance de la relation dans l’apprentissage – et dans la vie en général d’ailleurs – elle ne pouvait pas me faire plus plaisir.
Des compétences prêtes à enseigner
Hier, alors que je leur annonçais un cours d’éducation numérique et que, contre toute attente, certains soupiraient de devoir subir cela, j’ai demandé au plus geek de mes élèves de venir expliquer comment il fabriquait ses mots de passe pour les différentes applications du web qu’il utilise. Pendant une dizaine de minutes, il a donné des informations, en notant au tableau des exemples et en progressant dans son récit au fur et à mesure que je l’invitais à compléter. C’était une excellente base pour lancer le thème de l’utilisation des mots de passe et de leur fabrication.
Du choeur à l’ouvrage
Hier, nous avons enfin accordé un bon coup de collier à notre projet d’écriture d’une chanson de présentation de la classe. Si chaque élève avait déjà préparé son texte à scander pour sa présentation personnelle, il restait à écrire les 8 vers du refrain qui parlent de la classe dans son ensemble… Et que, bien sûr, nous devons écrire tous ensemble.
Quand j’ai vu mes élèves penser profondément aux différentes idées que nous avions évoquées, compter sur leurs doigts les pieds pour que cela entre sur la mélodie, proposer, amender, corriger, adapter… je me suis dit que c’était bien dommage qu’on ne fasse pas cela plus souvent. Ils étaient investis à 95 %, et désiraient autant que moi avoir un résultat plaisant.
Ma ruche
Et puis, pour moi qui suis tellement fan de l’autonomisation des élèves, à savoir le fait qu’ils soient capables de faire ce qu’ils doivent sans qu’on leur répète sans cesse la marche à suivre, qu’est-ce que j’aime voir mes petites abeilles du mardi après-midi, lorsque tout le monde travaille ses ceintures de conjugaison ou de livrets et s’entraîne sur Motoufo, passe ses tests et que la seule chose que j’ai à faire, c’est de les corriger Et de veiller à ce que tout le monde s’y mette efficacement,. J’aime ma ruche !
Une manière de voir
Bien sûr que je pourrais faire une liste deux fois plus longue de toutes les choses qui ne vont pas, de tous les progrès qu’ils devraient encore faire… Mais je ne crois pas que ce soit leur faute, c’est la mienne, trop habitué à voir ce qui ne va pas plutôt que ce qui progresse, avance, peut-être lentement, mais certainement sûrement.
En fait, je reconnais qu’il pourrait y avoir beaucoup plus de petits plaisirs tout au long des semaines d’école. Il faudrait simplement que j’ouvre un peu plus les yeux et mon cœur. Et vous, vous les voyez, les petits plaisirs que vos élèves vous donne tout au long de l’année scolaire ?
* prénoms d’emprunt
