Séjour en enseignement spécialisé

Publié le 22 avril 2010

Je pensais écrire le prochain billet du remplaçant en décrivant une journée de titulaire et en y ajoutant quelques statistiques et impressions, l’actualité de mon mandat m’a devancé. Voici quelques impressions de 3 semaines passées en enseignement spécialisé.

Demandé au départ pour 5 jours répartis sur 3 semaines, je termine actuellement presque 3 semaines complètes dans un établissement d’enseignement spécialisé qui fait partie de ma région d’intervention.

Si, au départ, j’avais l’impression de me retrouver dans un ghetto, rassemblant les exclus de la ville, je me suis bien vite rendu compte que cette vision des choses n’était qu’une mince pellicule au-dessus d’une réalité bien différente. Loin d’être un centre fermé pour élèves en décrochage scolaire, cet établissement est plutôt un hôpital pour les meurtris de la vie. L’équipe d’enseignants et de cuisinières, non seulement professionnelle mais également hautement impliquée, ne se borne pas à dispenser un enseignement quelque peu particulier dans un contexte spécial. Les élèves sont accueillis, acceptés, encadrés, relevés, petit à petit, avec courage et persévérance même si les résultats se font attendre pendant plusieurs années … Et les résultats sont au rendez-vous ! Durant mon séjour, plusieurs élèves, qui avaient quitté l’école depuis des années, sont revenus dire bonjour, se rappelant de tout ce qu’ils avaient reçu durant leur(s) année(s) passée(s) là.

Et pourtant, … Cette réalité est méconnue beaucoup, elle fait peur … et pourtant, que de richesses à découvrir, que d’expériences à recueillir. Après un temps pénible de remise en question et de prises de nouvelles marques, on ne peut ne rien d’emporter d’un séjour un peu prolongé. Je vous livre ici quelques pierres blanches que je garderai de ce remplacement spécial :

  • L’enseignant n’est pas maître de tout : si l’élève ne peut pas ou ne veut pas, le plus grand professionnalisme, la meilleure volonté, tous les efforts ne seront pas suffisants. L’enseignant ne peut pas tout !
  • Alors qu’à chacun instant, tout peut basculer, les sourires, les bonnes surprises, peuvent jaillir tout aussi vite et manière tout aussi impromptue : un enfant qui se met au travail alors qu’il l’a refusé jusqu’à la minute précédente, un autre, exprime sa joie pour quelque chose de tout à fait anodin pour tellement de ses camarades, un repas qui, on ne sait pourquoi, se passe calmement …
  • Chaque jour vaut pour lui-même. Imaginer tenir 2 semaines dans ce milieu en étant tout à fait novice de la pratique et ignorant du système est impossible. Par contre, y vivre jour après jour pendant plusieurs semaines est tout à fait possible … à condition d’avoir de bonnes nuits de repos entre chacun d’eux.
  • Chaque enfant, chaque dynamique de classe, influencera la progression de la journée. La prévision possible de la journée ne dépasse pas 20 % de la réalité.
  • Les règles sont très présentes pour cadrer des élèves souvent insécurisés, mais leur application se fait en douceur, dans le dialogue … L’expression « une main de fer dans un gant de velours » prend toute sa valeur.
  • Devant l’instabilité des éléments, le recours à l’équipe est primordial. Le repli sur soi-même tue plus rapidement et plus sûrement que partout ailleurs.

Jamais je n’aurais choisi d’enseigner dans cet établissement et, actuellement, je n’envisage pas de le faire à long terme. Mais d’avoir découvert cette réalité participe à ma formation continue, à mieux comprendre, appréhender, interagir, … avec les élèves et les collègues, quels qu’ils soient.

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