Donner, donner et encore donner … si c’était un secret de l’enseignant?
Si l’on compte toutes les fois, dans une journée ou une semaine, où l’on donne, l’enseignant ne serait-il pas d’abord un donneur professionnel … Je ne parle pas de donneur de leçons, au sens propre comme au figuré, de donneur de sang ou de donneur d’organe.
Enseigner, n’est-ce pas se donner tout d’abord ? Se “perdre” pour que nos élèves se “gagnent” … tout donner pour qu’ils croissent, grandissent, apprennent à vivre ?
Je lisais récemment un excellent ouvrage relatant la création et la survie des classes protestantes dans le pays de la Beauce1 : les enseignants donnaient tout et ne gagnaient presque rien en échange. Il n’était pas rares qu’ils meurent avant 30 ans, d’épuisement et de manques de toute sorte … Ce qu’ils avaient, ils l’avaient donner : leur personne, leur vie d’abord, ce qu’ils pouvaient transmettre ensuite.
Le secret de donner, c’est de ne rien attendre en retour. Bien sûr qu’on aimerait que nos élèves avancent dans la vie, qu’ils réussissent, … et peut-être, certaines fois, qu’ils se souviennent de nous. Pourtant, si l’on donne pour ces buts-là – ou n’importe quels autres – nous finirons tôt au tard par nous sentir floués, volés, et par voie de conséquence par être amers et avares.
Nos vacances sont-elles “sacrées” ou acceptons-nous que nos élèves nous demandent de l’aide, y compris pendant ces périodes de repos ? Nos horaires sont-ils, tels ceux de secrétaires ou de fonctionnaires, limités de 8h à 16h00, ou sommes nous également disponibles lorsque c’est nécessaire (et non pas pour répondre à n’importe quelle demande abusive) en dehors de nos heures de présence obligatoire à l’école ? Donnons-nous seulement nos cours, en évitant d’être “dérangés” par ce qui fait la vie de nos élèves ou sommes-nous prêts également à nous impliquer pour les écouter et, peut-être, une fois ou l’autre, leur donner l’un ou l’autre conseil ? La liste des questions et des “dons pas normaux” pourrait encore être bien longue …
Enseigner, c’est donner tout ce que l’on peut mais d’abord se donner soi-même, afin que la graine que nous sommes meure et qu’elle donne du bon fruit …
1 Isabelle Oleknovitch, Tu seras maître d’école, éd. La Cause, 2006