Quelques commentaires et conclusions après une année de mandats en tant que titulaire remplaçant.
Fonctionner en tant que titulaire remplaçant diffère en bien des points de l’enseignement d’une classe.
Alors que nous sommes préparés de plus en plus à réfléchir, planifier, justifier, …, le titulaire remplaçant vise principalement à une improvisation de qualité, alternant la pré-écriture en enfantines et multiplications en colonnes en 4e, les ateliers pédagogiques des petits et les activités manuelles et créatrices des plus grands. Ensuite, une bonne dose de souplesse est nécessaire, afin de se fondre le plus possible dans le fonctionnement des classes tout en “gardant son âme”. Alors qu’une grande part de l’action de l’enseignant se trouve dans le suivi des apprentissages et les évaluations, les relations avec les parents, les projets de collèges, le titulaire remplaçant est particulièrement centré sur la prise d’informations de base et la création de journées à partir de celles-ci, sur l’adaptation permanente aux réalités nouvelles (ou plutôt non encore connues), sur le lien à créer encore et encore.
En un an, j’aurai effectué près de 100 remplacements, dans une septantaine de classes … et donc côtoyé près de 1400 élèves. Personnellement, j’ai appris beaucoup de choses, tant au niveau du fonctionnement général des écoles de la ville que concernant les multiples manières de fonctionner, aussi valables les unes que les autres et me donnant une boîte à outils assez impressionnante, pour autant qu’il me soit possible de mobiliser tous ces petits souvenirs éparpillés dans les classes et les collèges. De manière plus générale, plusieurs lignes-forces se dessinent :
- moins d’appréhension devant la nouveauté.
- plus de sens du présent : étant donné qu’il y a rarement des suites, chaque journée est unique, vécue pour ce qu’elle est et chaque matin est le début d’une nouvelle aventure, une nouvelle rentrée.
- plus d’essais (et peut-être d’erreurs) à cause des motivations accrues (différents fonctionnement des collèges, des maître(sse)s, des élèves, …) et de la possibilité de recommencer autrement dès le lendemain s’il y a échec.
- moins de suivi mais plus de fraîcheur.
- les situations difficiles (vécues dans l’enseignement spécialisé principalement) m’ont permis de faire une plus grande séparation entre “vie professionnelle” et “vie privée” : à l’école on gère l’école le mieux possible, à la maison, l’école est terminée et on se concentre sur autre chose.
- le “côtoiement” plus ou moins régulier d’excellents maître(sse)s m’a donné pas mal d’idées quant aux activités mais surtout de “modèles adaptables” de gestion de classe et d’appréhension des situations-problèmes, des élèves dits difficiles, …
Ainsi, si l’on peut prendre une pause dans sa carrière pour ce genre de pratique, cela peut être bénéfique pour soi, pour ses futures années d’enseignement et pour toute la communauté éducative par les services rendus … avec le risque, peut-être, d’opter définitivement pour ce fonctionnement !