Enseigner oui! Mais quoi et comment?

Publié le 14 février 2006

Parcourant le WEB de-ci et de-là, je repensais à notre discussion en salle de profs cet après-midi. Quel enseignement voulons-nous donner, quels objectifs nous fixons-nous en tant qu’enseignants et où voulons-nous conduire les enfants? Une fois les objectifs fixés, quels chemin(s) comptons-nous emprunter et faire prendre à nos élèves?

Des questions plus que des réponses …

Je ne prétends pas ici donner des réponses toutes faites, qui pourraient s’avérer être approximatives voire totalement inadéquates demain ou dans quelques heures. Plus que tout, je désire poser des questions qui seront autant de bases de réflexion pour (re)poser des fondements solides pour un enseignement qui réussit (quel mot lourd de sens je viens de lancer!). En même temps, poser des questions revient à fixer quelque peu deux ou trois notions qui nous permettrons de ne pas parler dans le vide, ou construire une cabane dans un marécage.

Et pourtant une certitude …

En même temps, je ne voudrais pas seulement poser des questions, peut-être alarmistes, partir de constats déplorables et, d’une façon détournée, refaire le monde comme si tout était mauvais et écroulé, et qu’il fallait faire table rase de milliers d’années d’éducation et d’enseignement. Je crois profondément qu’il y a un espoir, qu’il y a une ou plusieurs voies qui peuvent être (re)tracées et prises afin de renouer avec le succès de l’enseignement. Je crois tout autant que – puisque nous refusons de tout recommencer à zéro – nous avons des trésors enfouis à déterrer chez les pédagogues qui nous ont précédés. Trésors qu’il faudra dépoussiérer, peut-être réfléchir à nouveau afin d’en garder le bon et d’en rejeter le mauvais. Il y a une piste, c’est indéniable. Si le Créateur a choisi de nous faire naître petit et comme un produit non fini c’est afin que nous croissions en stature, en sagesse et en grâce. S’il a prévu un produit fini, il a également prévu une multitudes de chemins créatifs pour y parvenir. Il y a au moins autant de chemins que d’enseignants et d’enseignés. Ces chemins existent et c’est à chacun de les découvrir.

En même temps, parler seulement des multiples chemins serait incomplet. Car si les chemins sont adaptés à chaque acteur de l’enseignement, il y a des principes uniques, divins, centrés sur Celui qui a tout créé et que nous devons placer au centre de notre préoccupation d’enseignant. Tout comme un fabricant joint une notice d’utilisation ou un manuel de montage, notre grand Fabricant nous en a également donné une et sa Créativité l’a poussé à ne pas nous présenter son document en clair, mais comme au sens figuré, au travers de centaines d’histoires, de vérités à découvrir et à comprendre …

Par ce petit encart, je voulais montrer que l’on peut être réellement optimiste tout en recherchant de vraies solutions à de vrais problèmes. Nous ne travaillons pas en vain, cherchant des solutions qui n’existent pas, mais nous travaillons main dans la main avec le grand Pédagogue, celui qui a toutes les solutions et mêmes celles auxquelles nous n’avons pas pensé. C’est donc vers lui que nous pouvons venir et c’est avec lui que nous pouvons chercher des solutions à toutes ces questions … sachant qu’il est fidèle et bon pour nous montrer sa voie pour nous.

Définir de vraies finalités

Alors qu’en général, j’écris volontiers en confondant éducateur et enseignant dans le même moule, j’aimerais ici pousser la réflexion au niveau scolaire principalement. Il n’est jamais possible de totalement séparer éducation et enseignement mais j’aimerais cette foi mettre l’emphase principalement sur l’enseignement, au sens de l’acquisition de compétences dans le cadre de l’école (étant bien conscient qu’il est plus large que cela).

Dans la mêlée des courants pédagogiques actuels, comme je le disais en introduction, tout et son contraire sont prônés comme étant un moyen valable, un objectif louable. Par conséquent, tout devient relatif et finalement, chacun devrait pouvoir naviguer comme il le veut là où il le veut …

Je crois qu’un véritable courage pédagogique est de définir de vrais objectifs de vie, qui permettent à tout un chacun de naviguer dans la vie avec un bagage minimum qui le protégera de faire naufrage à la première vague. Ainsi, j’affirme qu’il est des compétences qui ne sont pas superflues ou remplaçables:

  • savoir lire un document, le déchiffrer, le comprendre et l’utiliser, comme une consigne par exemple.
  • savoir écrire une lettre, un texte, une demande dans un français correct, en accord avec les règles grammaticales, orthographiques sans oublier les règles de savoir vivre de la société dans lequel auteur et lecteurs se trouvent
  • effectuer les 4 opérations de base rapidement, à bon escient et en comprenant ce qui est fait
  • savoir d’où on vient et être capable de tirer les leçons nécessaires pour ne pas reproduire les erreurs du passé
  • être capable d’interagir dans un groupe, en connaissant notre valeur et en étant conscient de celle des autres

Il s’agit d’un premier jet, qui pourrait et sera être complété. C’est l’ébauche d’un tableau finalement tout simple mais qui semble avoir disparu de la vue de beaucoup au profit de notions abstraites, compliquées et parfois même – oserais-je dire – inutiles.

Sommes-nous capables, en tant qu’enseignant, de dire en quelques – courtes – phrases à nos élèves du niveau primaire ce que nous désirons qu’ils connaissent et soient capable de faire lorsqu’ils auront passé près de 10 000 périodes de cours entre nos mains?

C’est là que les Romains s’empoignèrent !

Si poser des finalités à l’enseignement est déjà sujet à discussion, entrer en matière de moyens, de méthode ou de didactique peut être une foire d’empoigne. Il s’agit donc de poser quelques bases, tout en laissant une (grande) place au trésor d’expression de chacun dans son univers d’enseignement.

Enseigner, est-ce enseigner?

Une véritable lapalissade dans l’énoncé, et pourtant un fondement déjà tellement mouvant. Qui doit enseigner? Faut-il transmettre un savoir ou simplement laisser les élèves émerger avec leurs propositions, leurs solutions personnelles, leurs hypothèses plus ou moins réfléchies? L’enseignant est-il un maçon ou simplement un architecte lointain?

Au-delà de la question de la transmission du savoir se profile une question encore plus profonde: avons-nous quelque chose à transmettre ou nous considérons comme vide au regard de tout ce que nos élèves ont déjà compris. Comptons-nous intervenir et nous impliquer dans la formation qu’est leur voyage vers les finalités exprimées plus haut ou sommes-nous seulement présent pour les pousser à avancer sans jamais leur donner l’expérience que nous avons eue en passant avant eux sur ce chemin?

Comment notre Grand Pédagogue a-t-il enseigné lorsqu’il est venu, en chair et en os, parmi nos semblables?

Bon sens, recherches scientifiques, traces du passé, …

Parler d’enseignement revient tôt au tard à parler de philosophie. La pédagogie n’est – hélas ou heureusement – pas une science exacte.

Les découvertes des sciences de l’éducation d’un temps peuvent être remises en cause par de nouvelles découvertes, plus tard, ailleurs ou différentes. Sans nier leurs apports à la pédagogie tout au long des siècles, elles restent un des ingrédients qui doit guider notre réflexion et notre pratique et non devenir le seul référent de l’enseignant.

Un autre principe qui trouve également dans un léger et humble retour dans les siècles passés. Des principes qui ont permis à des générations et des générations d’atteindre ce tableau de finalités ont autant leur place dans notre réflexion que toutes ces nouveautés. Les exemples d’enseignants qui ont réussi ne manquent pas mais, si leurs noms sont encore cités dans les écoles de pédagogie et que leur pratique passe parfois au crible de la dissection, la philosophie qui les a conduit, leur motivation profonde et le but qui guidait leur pratique est bien vite oubliée. Il est temps de ramener à la surface les antiques sentiers.

La vie naturelle d’une famille et parfois même des animaux ne nous donne-t-elle pas autant de pistes dignes de foi que de grandes théories compliquées ou aux évidences trop … évidentes? Notre bon sens a-t-il encore sa place ou est-il sacrifié sur l’autel des grands courants pédagogiques, qui passent et trépassent.

Notre pratique pédagogique peut-elle faire l’impasse sur l’alliage délicat que sont les anciens et les nouveaux éléments? Peut-être bannir les uns et aduler les autres sans glisser dans une ornière réductrice?

De vraies questions pour de vraies réponses …

Comme indiqué en introduction, ce document ne contient de loin pas une recette toute faite, avec des questions et la réponse unique, parfaite, qui vous permettrait de faire l’économie de la réflexion. Tout reste ouvert et, pourrais-je dire, tout reste à faire.

La pratique de l’enseignement ne peut se passer de la réflexion d’un des acteurs de premier plan: l’enseignant. Nous pouvons enrichir notre réflexion de celle d’autres, de leur expérience, mais nous ne pouvons pas la copier/coller à la place de la nôtre … car dans notre classe, ce n’est pas Célestin Freinet, Philippe Meirieu ou même Pestalozzi qui enseignent, mais c’est nous!

En conclusion …

Je ne pense pas proposer ici un document qui fasse l’unanimité et qui mette tout le monde d’accord.

Alors que des personnes hautement considérées pendant des années dans leur domaine peuvent être honnies et passer pour les parias de la société en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, il est nécessaire que chacun se pose les bonnes questions et y trouvent les réponses qui vont le satisfaire dans sa pratique.

Si à la lecture de ce document, vous avez trouvé de nouvelles questions pour vous interroger sur votre pratique et qu’elle s’en trouve enrichie, ces quelques lignes n’auront pas été vaines …

 

Ceci pourrait aussi vous intéresser…

Inscrivez-vous à notreNewsletter

Restez informé des nouvelles publications !

Pas de SPAM !

Vous êtes inscrit. Vous serez informés des nouveautés sur le site.

Pin It on Pinterest

Share This