Ça fait quelques jours que je suis aphone, en plus d’un gros rhume et d’un peu de toux. Tout cela n’était qu’un problème limité tant que je ne devais pas me rendre en classe.
Mais aujourd’hui, c’est un de mes jours d’enseignement. Première évaluation – une dictée – je ne voulais pas laisser cela à quelqu’un d’autre – et puis, mon état général est plutôt bon, avec quelques médicaments de temps à autre. Donc, je suis en classe, sans voix !
Les élèves l’ont tout de suite remarqué. Lorsque je les ai accueillis à la porte, comme tous les matins, pas de Bonjour fort et chaleureux, seulement un chuchotement léger, et ce n’était pas pour une journée spéciale, genre roi du silence !
Heureusement qu’une bonne série de routines sont déjà en place et que je peux les déclencher par des musiques. Les élèves s’activent, se préparent pour la journée et je les retrouve au coin rassemblement dès que la musique est terminée.
Pour le jardin des émotions, nous sommes proches les uns des autres, ce n’est donc pas un problème de chuchoter. Tout le monde me comprend et se comprend. Oui parce que si je chucote par obligation, les élèves eux, chuchotent par mimétisme. C’est rigolo, c’est agréable, et ça me rappelle une classe dans laquelle l’enseignant principal avait instauré le chuchotement comme moyen de communication principal !
La journée avance petit à petit. On attend un élève pour pouvoir faire cette première évaluation de dictée… J’y ai pensé encore hier soir : est-ce que quelqu’un serait disponible dans le collège et pourrait me dépanner, au moins pour la dictée. Mais non. Pas de stagiaire le vendredi, pas de maîtresse d’appui non plus puisqu’elle tient une classe ce jour-là.
Alors, le côté geek en moi s’est réveillé : certainement que Steve Jobs ou un de ses successeurs a une solution à me proposer, un système qui lirait simplement ce que j’écrirais, à défaut de lire dans mes pensées et de les exprimer tout haut. Et c’est ce que fait plutôt bien la fonction Parole en direct. Non seulement on peut écrire son texte qui sera lu en direct, mais on peut aussi faire mémoriser des phrases afin de les relancer sans avoir à les réécrire. Pratique pour les remarques régulières… ou certains prénoms d’élèves 🙂.
C’est donc ce que j’utiliserai pour la dictée. À condition de bien sectionner les groupes de mots, ça fonctionne plutôt bien. Un petit tour par le choix des voix fait rire les élèves mais au final, c’est Siri qui s’en sort le mieux et qui est le plus compréhensible. Je redoutais que l’absence de ma voix donne du fil à retordre à certains élèves, mais au final, ils s’en sortent tous très bien, ont bien compris et écrit le texte dicté, et tous auront une très bonne note pour cette première évaluation un peu particulière.
La journée continue avec des exercices d’application du dénombrement en mathématique. Bien sûr, la correction commune attendra lundi, mais je fais quelques rétroactions rapides, toujours avec mon compagnon vocal. C’est moins rapide, mais peut-être plus efficace : chaque mot dit est pesé et il n’y a rien de superflu.
Nous terminons avec le lancement des activités dans le cahier d’écriture. C’est là que je trouve le système le plus pratique : il suffit de copier le texte à lire et l’ordinateur le fait pour moi. Je risque bien de réutiliser cette fonction par facilité une fois ou l’autre. C’est tellement pratique !
Cet après-midi, nous aurons le conseil de classe, sur le mode chuchotage, et la copie de l’agenda, sur le monde silence. Les quelques explications complémentaires pour les leçons ne devraient pas poser trop de problème.
Finalement, à part quelques adaptations techniques et un programme un peu aménagé, une extinction de voix n’empêche pas vraiment d’enseigner… et garantit une classe bien plus calme que d’habitude… mais certainement que comme avec toutes les nouveautés, il ne faut pas exagérer.
